Le management

Qu’entend-t-on derrière ce terme ?

Qu’on parle de manager, d’impresario ou d’agent, il s’agit de la même chose. Si chaque terme a un usage différent, la loi française emploie le terme d’agent artistique, pour désigner le partenaire privilégié de l’artiste, tant dans ses fonctions d’auteur compositeur, que lorsqu’il est interprète ou intervenant.

Le mot agent est surtout utilisé dans le secteur des musiques classiques. Lorsque la notion anglosaxonne de groupe de musique est arrivée en France, le terme manager a supplanté les autres dans le domaine de l’industrie musicale populaire.

Quelles sont les missions remplies par un·e manager dans les musiques actuelles ?

LA·Le manager peut acquérir au fil de sa carrière un panel de compétences très diversifiées :

  • La gestion quotidienne des relations avec les partenaires de l’artiste.
  • Le conseil stratégique en développement de carrière.
  • Le positionnement de l’artiste au sein d’un réseau de professionnels adaptés au style musical proposé.
  • Le conseil administratif, juridique et financier.
  • Le conseil artistique, sur toutes les phases de production phonographique mais aussi lors des résidences. Il ne s’agit pas là de coacher l’artiste ou de participer au mixage ; la·le manager veille surtout à ce que les choix artistiques soient en adéquation avec la stratégie de développement de l’artiste.
  • La création d’outils de suivi de son travail.
  • La négociation des contrats de l’industrie musicale dans l’intérêt de l’artiste. La·Le manager n’est jamais le signataire final d’un contrat négocié entre un artiste et un producteur / éditeur.
  • Le conseil en image, ainsi que sur les outils de communication et de marketing de l’artiste.
  • Dans certains cas, la fonction peut aller jusqu’à la gestion d’impératifs de la vie privée de l’artiste, lorsque sa vie professionnelle et sa notoriété prennent une place extrême.

Il semble presque impossible de maitriser tous ces points, d’où l’intérêt qu’ont de plus en plus de managers de sous-traiter certaines tâches, en accord avec l’artiste, selon ses domaines de prédilection.

Au final, la·le manager est tel le chef d’une entreprise proposant un produit artistique. Au delà d’un secrétariat pour répondre aux mails (ce qui serait bien réducteur), il a en charge toutes les interactions et évolutions entre l’artiste et le monde professionnel qui l’entoure.

> EXISTE-T-IL UN DIPLÔME DE MANAGEMENT ?

Le code du travail présente des missions assez précises pour exercer le métier d’agent artistique. Pour autant, il n’y a pas de parcours type. Soit : à chaque manager sa façon de manager.

Concernant les formations, on recense quelques écoles privées onéreuses qui décernent des diplômes de management spécialisés dans la musique. On peut aussi noter que certaines écoles de commerce amènent souvent les plus passionnés à travailler dans l’industrie du disque, qui peut aboutir à des postes de management.

Enfin, les cursus universitaires généralistes du spectacle enseignent un certain nombre de compétences socles. Pour autant, rien ne semble prévaloir l’expérience de terrain et un réseau professionnel solide, quitte à compléter son panel par des formations continues pointues au fil du temps.

Au-delà de tout diplôme, les débuts du métier de manager exigent un fort investissement, souvent mal rémunéré voire bénévole, pour faire ses preuves. C’est pourquoi on voit régulièrement artistes et managers débuter ensemble.

Quel profil a LA·le manager idéal ?

Pour accomplir les missions pré-citées avec brio, le stéréotype du manager doit être une personne :

  • Organisée, en capacité de coordonner une diversité de missions et le stress qui va avec.
  • À l’écoute de son artiste, pour toujours garder en tête ses envies et ses intérêts.
  • Curieuse, capable de s’intéresser aux évolutions du secteur, tant professionnelles qu’artistiques.
  • Visionnaire, pour proposer une vision sur plusieurs années, en perpétuel réajustement de ses certitudes.

Le manager gagne aussi à savoir poser des limites : si la fonction exige une disponibilité fréquente, les frontières entre vie privée et vie professionnelle permettent de ne pas dénaturer la relation artiste-manager sur le long terme. Cette qualité est d’ailleurs nécessaire puisque la plupart du temps, le manager travaille pour plusieurs artistes, dans l’objectif d’atteindre un équilibre financier. Il est intéressant que les temps d’échange soient bien répartis, pour que chacun des artistes du catalogue se sente à sa juste place.

Mon manager peut-il être un membre de ma famille ou un ami ?

Il est évident que l’artiste ne peut solliciter un manager professionnel en début de carrière, sans avoir d’abord généré assez d’activité pour attirer ses premiers partenaires.

Il est donc fréquent de collaborer avec « le meilleur ami qui ne fait pas de musique mais qui assiste à tous les moments de création », ou encore avec « l’oncle qui a beaucoup joué dans sa jeunesse et qui connaît bien le programmateur de la salle ».
Avoir le soutien d’un proche est très rassurant, surtout quand on débute. Cela permet de remplir quelques tâches pour libérer du temps et de l’esprit à l’artiste (rechercher des dates de concert, trouver un studio, préparer la production d’un clip, etc.).

Cependant, malgré toute bonne volonté et sincérité, à aucun moment ce métier ne s’improvise.
Il faut donc que l’engagement soit clairement défini entre l’artiste et le proche, dès le début de la collaboration. L’ami doit garder à l’esprit que si le projet se professionnalise, il devra soit se former, soit laisser sa place. Parce qu’à terme, un représentant d’artiste qui ne maitrise pas les enjeux de développement et de négociation, peut le décrédibiliser et bloquer son évolution.

Mon manager doit-il aimer ma musique ?

Dans l’idéal, le manager doit pouvoir être le plus objectif possible, avec en ligne de mire les intérêts de l’artiste. Il doit procéder à une étrange alchimie entre défendre ses envies créatrices et positionner l’oeuvre produite en phase avec le marché de la musique, pour en espérer des revenus.

Au delà de cette difficulté, le métier de manager est exigent. Il demande beaucoup de compromis et est souvent mal rémunéré. On parle d’ailleurs de métier passion. Il semble donc évidement que chaque artiste qu’il décide de suivre est un véritable coup de coeur artistique, mais aussi humain.

Comment trouver un·e manager #1 ?

Avant de se poser cette question, il faut se demander POURQUOI trouver un·e manager. 

Le manager est une denrée rare très sollicitée. Un artiste doit avoir fait ses preuves pour prétendre signer avec un manager. Car le talent ne suffit souvent pas : il est aussi important de prouver sa motivation, sa débrouillardise, sa capacité à emmener une équipe autour de son projet musical.
D’autre part, une grande majorité des artistes n’ont pas de manager. Faute d’en avoir trouvé un, mais aussi parce que selon le contexte, beaucoup préfèrent rester maître de leur projet, surtout si le groupe comporte plusieurs membres qui se répartissent les tâches. Signer un contrat est toujours un acte engageant dans le temps.

> D’ailleurs, que dit le contrat de management ?

C’est un accord écrit entre deux parties nommées les signataires (le groupe représenté par ses membres, et le management), qui décrit tous les engagements respectifs. Le manager ne signe pas en son nom propre, mais par l’intermédiaire d’une entreprise de droit privé (association, société anonyme, micro-entreprise, etc.).

Le contrat précise généralement :

• L’objet : c’est à dire l’intention pour laquelle les signataires décident de collaborer. Les missions vues ci-dessus sont alors détaillées.

• La disponibilité du manager : les heures, lieux et fréquences raisonnables durant lesquelles l’artiste peut le contacter.

• La clause d’exclusivité : si le manager peut tout à fait contractualiser avec plusieurs artistes, l’inverse n’est pas possible. L’artiste ne peut avoir qu’un manager. Il est de plus en plus fréquent que le groupe ou le manager fassent appel avec l’accord de l’autre, à une tierce personne conseil, qui a des compétences complémentaires sur un temps donné.

• La rémunération du manager : la loi impose que l’agent perçoive au moins 10 % de tous les revenus bruts de l’artiste (salaires, droits d’auteurs, recettes d’exploitation de l’image ou de produits dérivés …). Dans les musiques actuelles, le manager peut percevoir jusqu’à 15 %, à condition que les apports supplémentaires au simple statut d’agent soient justifiés dans le contrat. 10 % de tous les revenus, ce chiffre peut sembler élevé selon le point de vue. Il faut garder à l’esprit que chaque intermédiaire entre l’artiste et le public fera à priori augmenter les revenus et la longévité d’une œuvre. Une exception à la perception de ce pourcentage : le producteur ne perçoit rien sur les recettes d’exploitation d’un événement ou d’un produit dont il est lui-même producteur.

• Au pourcentage : il faut ajouter les frais de mission nécessaires à la représentation de l’artiste par le manager, lors de rendez-vous professionnels par exemple.

• La durée. Les contrats sont généralement basés sur 2 ans (voire 3), reconductibles tacitement si aucun des signataires ne souhaite y mettre fin. Il est recommandé sur un début de partenariat entre artiste et manager de se tester sur une période d’essai de 6 mois, afin de s’assurer des bonnes intentions de chacun. Le contrat prévoit un droit de suite : le manager continue de percevoir un pourcentage dégressif après la fin du contrat, comme répercussions indirectes de son travail.

Comme pour tous les contrat de l’industrie musicale, il est fortement conseillé avant signature, de prendre conseil auprès d’une personne neutre (personne ressource, conseillé juridique, avocat).

Comment trouver un·e manager #2 ?

Une fois l’intérêt d’un manager validé, la recherche peut commencer. L’objectif est d’identifier une personne qui répond le plus possible aux besoins.

Pour ce faire, on peut plonger dans les listings proposés par certaines structures publiques. Ils sont hélas souvent copieux et obsolètes : difficile de faire des choix. On peut aussi repérer une dizaine d’artistes dans la même veine que soi, un peu plus avancés, et se renseigner sur leur management.
Enfin, mener l’enquête sur les réseaux sociaux, auprès d’autres groupes ou sur des sites d’échanges d’information paraît aujourd’hui la solution la plus efficace. Une fois le projet plus professionnalisé, ce sont les managers qui approchent l’artiste.

Trouver un manager est avant tout l’histoire d’une rencontre. Pour autant, correspondre au champ musical qu’il maitrise, tout en affirmant sa singularité, est un réel atout. Justifier d’une économie potentiellement florissante confirmera son intérêt. Enfin, il faut garder en tête que signer avec un manager, c’est comme intégrer un nouveau membre au projet. Il est indispensable en amont de construire une relation de confiance, où chacun a sa place et où tout peut être évoqué avec bienveillance.

Fiche rédigée par Clotilde Bernier (MAJ 01.03.2021)