La production phonographique :
la distribution

La distribution est le terme donné à la troisième phase de production d’un enregistrement (album, Ep, maxi…). Cela correspond à la commercialisation d’un produit, à destination de consommateurs potentiels.

Depuis les années 2000, on différencie :

  • La distribution physique, soit la mise en vente de produits dans des magasins de type grandes surfaces, enseignes culturelles, disquaires.
  • La distribution numérique, qui est l’adaptation de la version physique, avec les usages et contraintes d’Internet. Les « magasins » de la distribution numérique sont les plateformes de vente et/ou de streaming (Spotify, Deezer, Tidal, Apple music, etc.).

> ÉLÉMENTS DE Contexte 

Les distributeurs physiques sont aujourd’hui très peu nombreux puisque le marché s’est effondré ces dernières décennies, avec l’arrivée du numérique.

Les supports CD et vinyles restent néanmoins des objets qui attirent, selon les styles musicaux :

  • un CD peut être une belle carte de visite à laisser à un professionnel qu’on rencontre

  • il permet au spectateur de garder un souvenir du concert

  • un vinyle séduit les collectionneurs et intègre les mallettes des DJ …

Attention cependant à ce que le format de l’objet reste « rayonnable ».

À l’inverse, l’offre de distribution numérique a explosé, à tel point qu’on en distingue 2 types :

  • les distributeurs numériques, qui comme les distributeurs physiques, défendent leur catalogue d’artistes auprès des plateformes en ligne, et ont une vraie valeur ajoutée en marketing. Ces dernières années ils travaillent principalement en direct avec des labels.

  • les agrégateurs, qui distribuent toutes les musiques sans sélection, mais qui se contentent de la phase technique, sans miser sur le potentiel succès de certains enregistrements. Ils émanent d’une demande de mise en ligne toujours plus grande, que les distributeurs numériques ne pouvaient plus supporter. Ils travaillent donc autant avec les labels qu’avec les artistes autoproduits.

Par quelle distribution commencer ?

Pour la distribution d’un premier enregistrement, il faudra choisir la meilleur offre d’agrégateur, en prenant en compte divers critères :

  • Les nombreux tarifs : le prix, qui peut varier en fonction du nombre de titres, d’albums ; les frais annexes (mise en ligne, abonnement annuel, etc.).
  • Le temps de validité de la mise en ligne.
  • Une éventuelle commission prélevée sur les revenus des ventes et des streams.
  • Le seuil de versement, c’est à dire le montant de revenu qu’il faut atteindre pour que les revenus soient reversés à l’artiste.
  • La gestion des droits d’auteur et droits voisins depuis le site de l’agrégateur.
  • Une spécificité en fonction d’un style musical : il est par exemple conseillé lorsqu’on fait de l’électro, de vérifier que sa musique sera bien disponible sur Beatport.com.

Les deux types de distribution recoupent des métiers divers et très différents : outre les métiers socles d’une entreprise lambda (comptabilité, administration, juridique …), en fonction des distributeurs on trouvera chez l’un du commercial itinérant, de la gestion de stocks ; chez l’autre du développement informatique, du community management … 

Si l’on souhaite être présent sur Internet comme dans les rayons, il peut être intéressant de distribuer son enregistrement avec deux entreprises distinctes, chacune experte dans le physique et le numérique.

En début de carrière, il est recommandé, quelque soit le type de distribution choisi, de compléter le travail en étant attentif aux détails que les distributeurs ne peuvent pas gérer pour tous leurs enregistrements : 

  • L’album physique est-il bien disponible chez tous les disquaires des villes où l’artiste se produit ?
  • Les données numériques sont-elles bien enregistrées pour que le public trouve l’enregistrement facilement sur les plateformes ?
  • L’accessibilité au « support client » est d’ailleurs un point intéressant à vérifier lors du choix d’un agrégateur. 

> Que raconte le contrat de distribution ?

C’est un accord écrit entre deux parties ou plus, les signataires, qui décrit tous les engagements respectifs et le contexte dans lequel la distribution devra être faite.

Le contrat précise généralement :

  • L’objet : on y décrit quel produit va être distribué, sous quelle forme.

  • La durée du contrat, variable de un à cinq ans généralement.

  • Les espaces physiques et numériques où l’on peut consommer la musique : les types de magasins, mais aussi les régions du monde.

  • Pour les supports physiques, les lieux et temps de stockage. Un point important à négocier est ce qu’il adviendra des invendus.

  • Le niveau d’exclusivité de la collaboration.

  • Les engagements de l’artiste et du producteur.

  • Les conditions financières et/ou répartitions des bénéfices, en fonction de différents critères (distribution étrangère, réductions de la part des magasins …). Pour un distributeur numérique, la marge oscille entre 10 et 30 % du prix de vente. La distribution numérique étant à priori moins couteuse, les pourcentages avoisinent les 15 % maximum – quand l’agrégateur ne propose pas simplement un forfait.

  • Les conditions de reversement des bénéfices.

  • Les outils et actions de communication pour accompagner la distribution de l’oeuvre (mise en avant, relais sur les réseaux sociaux, newsletters, etc.).

  • La répartition des droits voisins, des droits dérivés.

  • Les possibilités de sous-traitance de certains service de distribution.

  • La résiliation, ou comment arrêter le partenariat s’il ne fonctionne pas.

Signer un contrat est un acte engageant, à ne pas prendre à la légère. L’objectif est de fixer la collaboration pour que chacune des parties sache quoi attendre de l’autre. Les agrégateurs proposent des contrats génériques non-modifiables, qui ressemblent plus à des conditions d’utilisation qu’à un contrat de la musique – la tâche se complique lorsque le site est anglophone car il faut interpréter les termes. Sa valeur juridique est pourtant équivalente à un contrat de distribution classique. D’où l’intérêt de lire et comprendre l’intégralité du document.

De l’agrégateur spécialisé dans les artistes autoproduits, au département distribution d’une major, il y a une foule d’acteurs qui se partagent le marché de la distribution musicale, en s’appuyant sur un modèle économique en pleine réinvention.

L’artiste doit savoir à quoi il peut accéder, et ce qui sera le plus intéressant en fonction de sa situation. La valeur ajoutée d’un contrat de distribution sera toujours le dynamisme que l’artiste mettra à promouvoir son oeuvre pas tous les moyens complémentaires à la mise en marché : réseaux sociaux, playlistage, showcases chez les disquaires indépendants, etc.

Pour conclure, il existe des services en ligne gratuits qui permettent une « autodistribution » de sa musique (bandcamp, soundcloud …). On peut décider du niveau de protection des droits d’auteurs, du prix vente (voire de la gratuité). Ces outils ont fait leurs preuve et sont aujourd’hui l’assurance d’une disponibilité de sa musique partout dans le monde, au-delà des considérations commerciales.  

Fiche rédigée par Clotilde Bernier (MAJ 01.03.2021)