Selon vous, en quoi consiste la ressource ?
La ressource englobe des éléments de connaissance, d’observation et d’intelligence collective qui peuvent être mobilisés au service d’un projet ou d’une structure. Elle a pour fonction de produire, agréger et faire circuler des contenus en mettant à contribution des personnes qui font autorité sur des questions spécifiques (souvent techniques). Elle m’apparaît comme une mission de service à la personne : derrière chaque demande, il y a un être humain qui a besoin de conseils ou d’informations afin de pouvoir progresser dans sa démarche. En outre, c’est une activité qui permet d’exprimer de la diversité, par exemple en apportant plusieurs points de vue sur un même sujet.
De quelle manière la ressource peut-elle être utile dans la sphère des musiques actuelles ?
Cette sphère a une double particularité : d’une part, elle existe depuis peu de temps (beaucoup moins longtemps que celle de la musique classique, par exemple) ; d’autre part, elle se renouvelle régulièrement en intégrant de nouvelles esthétiques (l’électronique ou le hip-hop, entre autres) et de nouveaux usages. La ressource va rassembler tous les éléments utiles (textes législatifs, articles de presse, travaux universitaires, sources de financement, retours d’expériences, etc.), les rendre clairs et les articuler. Elle aide ainsi à avoir une vision d’ensemble et à structurer les projets. Ce travail est vraiment indispensable par rapport aux textes de loi, qui évoluent beaucoup, et aux politiques publiques menées dans les différents territoires, qui s’inscrivent dans un système assez complexe.
Qu’apporte précisément la ressource au niveau des territoires ?
Il faut que toute personne intéressée puisse avoir accès à des informations généralistes à l’échelle des différents territoires. Cela répond à la fois au principe de la continuité de service et au principe de la continuité territoriale. Si la France paraît souvent très centralisée, les politiques publiques concernent et impliquent pourtant l’ensemble des territoires – métropolitains et ultramarins. Le CNM s’engage particulièrement sur cette question des territoires via le service Territoires et Collectivités au sein duquel je travaille. Toutes les ressources réglementaires et législatives sont agrégées au niveau national puis redistribuées via le CNM et les structures régionales compétentes, comme la fédération Octopus par exemple. Par ailleurs, la ressource joue un rôle essentiel en informant sur les dispositifs de financement qui peuvent être activés dans chaque territoire. Grâce à la coordination entre tous les acteurs, elle permet aussi d’alerter sur les appels à projets, d’orienter vers des incubateurs, d’échanger de bonnes pratiques, de valoriser certaines actions, de faire connaître les artistes ou encore de mettre en exergue des problématiques.
Comment se profile l’avenir de la ressource à vos yeux ?
La pandémie de Covid-19, qui menace sérieusement le secteur des musiques actuelles, amplifie encore l’activité de la ressource et permet au plus grand nombre d’en mesurer l’importance. S’agissant des territoires, il existe des inégalités, certains étant mieux lotis que d’autres dans le domaine de la ressource. Cette situation doit être améliorée. Il y a aussi des progrès à faire en matière de recensement des données sur l’ensemble du pays. La nouvelle plateforme mise en place par Octopus, avec la collaboration du CNM, constitue à cet égard une initiative très positive. Beaucoup de projets innovants se développent actuellement en France, j’ai vraiment le sentiment d’un grand foisonnement. Au-delà des moyens financiers, évidemment nécessaires, ces projets requièrent une complémentarité maximale entre le niveau national et le niveau régional pour pouvoir se réaliser.
Entretien réalisé par Jérôme Provençal, journaliste indépendant