BENJAMIN SUHARD // LE RIM

- Le 24 mars 2021

Selon vous, en quoi consiste la ressource ?

La ressource représente l’ensemble des informations, conseils ou contacts que l’on peut fournir à un porteur de projet culturel pour permettre de développer ce projet. Cela concerne par exemple le cadre législatif, l’organisation, la méthodologie, le financement, l’aspect technique, la mise en réseau, etc. Aujourd’hui, il y a une masse d’informations disponibles sur internet mais il est difficile de trouver des réponses fiables à des questions qui peuvent être très précises. L’essentiel du travail de ressource consiste à sélectionner les informations pertinentes et à les rendre utilisables par les porteurs de projets, quel que soit le degré de développement des projets. Il s’agit vraiment d’une activité d’intérêt général, d’un partage, qui relève pour nous d’une forme d’éducation populaire.

De quelle manière la ressource peut-elle être utile dans la sphère des musiques actuelles ?

Il existe une forte concurrence au sein de cette sphère, dont le cadre législatif s’avère par ailleurs assez complexe. L’on peut ainsi vite se retrouver bloqué ou en position de prendre des risques, juridiques, économiques ou autres, lorsqu’on porte un projet culturel. Parmi nos adhérents, des acteurs culturels de proximité (salles de concert, entre autres) proposent de la ressource et accompagnent les musiciens, par exemple, au quotidien. Un événement régional annuel comme FORMA (FORum Musiques Actuelles), mis en place par le RIM, joue un rôle pédagogique important dans la mesure où il permet aux participants de récupérer rapidement de l’information adaptée, de s’orienter vers des recherches utiles à leur projet en particulier et surtout de bien contextualiser ces informations en fonction de l’état d’avancement du projet – ce qui amène un gain de temps important. Organisé à chaque fois en partenariat avec un lieu différent, cet événement dédié au développement de projets culturels donne l’opportunité de rencontrer divers professionnels (administrateurs, tourneurs, producteurs de disque, programmateurs, techniciens, etc.) via des rendez-vous particuliers et d’obtenir des conseils personnalisés. En parallèle, sont organisées des tables rondes qui abordent des problématiques plus partagées.

Qu’apporte la ressource au niveau des territoires ?

À travers son rôle de veille et d’accompagnement à la structuration, le RIM favorise l’émergence de projets culturels et, par conséquent, contribue à dynamiser l’offre culturelle en Nouvelle-Aquitaine, notamment dans les territoires ruraux. Notre événement FORMA a aussi pour ambition d’encourager les porteurs de projets à venir à la rencontre des acteurs culturels locaux. Créer ce lien n’est pas toujours évident pour eux.

Comment se profile l’avenir de la ressource à vos yeux ?

Les lieux de ressource ont avant tout besoin de moyens financiers et humains pour pouvoir assurer leur mission. Depuis quelques années, pas mal d’acteurs peinent à pérenniser les postes dédiés à la ressource, notamment parce que cette activité militante, de proximité, ne se trouve pas toujours dans le radar ou dans les priorités des politiques culturelles. Ceci dit, avec la crise sanitaire liée à la pandémie de Covid-19, des collectivités semblent prendre conscience de la nécessité de réinvestir le domaine de la ressource et de l’accompagnement des porteurs de projets artistiques et culturels. Cette évolution est positive mais elle reste fragile et doit s’inscrire dans la durée.

Entretien réalisé par Jérôme Provençal, journaliste indépendant